L’économie sociale et solidaire se nourrit de coopérations réussies entre citoyens, collectivités et entreprises à l’échelle d’un territoire. C’est l’un des enseignements des dix ans de la loi ESS que nous avons célébrée en novembre.
Ce mois de novembre, mois consacré de l’économie sociale et solidaire, nous avons fêté les dix ans de la loi du même nom en organisant une table ronde à Bourg-en-Bresse avec l’AGLCA.
La loi de 2014 a eu le grand mérite de créer une définition unique de l’économie sociale et solidaire. « On y a ajouté les concepts d’innovation sociale et d’entrepreneuriat social, note Frédéric Hello, administrateur de la Cress Auvergne-Rhône-Alpes et directeur de l’ESS à la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes. C’est un autre mode d’entreprendre au service du développement économique. Mais au-delà, c’est un mouvement démocratique, citoyen… » C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’est née Ronalpia, un an auparavant.
Une alliance collectivités - citoyens
De fait, sur le terrain, l’ESS s’avère depuis des années un outil formidable au service de besoins de territoires parfois oubliés de l’économie classique. Alain Détolle vice-président de la communauté de communes Creuse Grand Sud, en témoigne : « L‘ESS permet d’introduire des dynamiques dans le rural profond : coopérative de gestion du bois, Scic autour de l’ingénierie du bâti, restauration… C’est de la kinésithérapie sociale. Les acteurs de l’ESS soignent le territoire, leur apportent une manière de fonctionner qui influence la société. »
Souvent, l’ESS naît de projets citoyens. Avec sa coopérative Pl’Ain d’énergie, Aurélien Mary fédère des citoyens pour produire localement de l’énergie solaire dans la plaine de l’Ain. Pour lui, c’est une manière de faire participer les citoyens à la transition énergétique. Mieux, il estime qu’entre les prestations d’installation et de maintenance, un euro investi ainsi fait retomber 2,5 euros sur le territoire.
D’autres fois, ce sont les collectivités qui impulsent. A Grand Bourg Agglo, le vice-président Michel Fontaine utilise la commande publique comme un levier en intégrant des clauses dans les marchés de la collectivité qui favorisent l’emploi et l’insertion de publics éloignés de l’emploi : BTP, voirie ou espaces verts.
Mille manières de collaborer
Mais les dynamiques d’innovation sociale peuvent même associer collectivités, citoyens et entrepreneurs. « L’ESS apporte de la sincérité au territoire : elle permet d’impliquer le citoyen dans le développement local plutôt qu’acheter une prestation sur catalogue, remarque Xavier Deloche, maire de Tramoyes. L’ESS offre une boîte à outils de solutions : crèche, assos culturelles, immobilier social, fonds de dotation citoyen… Quand on est en bonne intelligence entre citoyens et élus, ça se passe bien. Il faut rechercher des complémentarités et des partenariats avec le privé. »
Ainsi, l’amorçage de Pl’Ain d’énergie s’est fait grâce aux collectivités. La communauté de communes a abondé chaque apport des particuliers en le doublant. Un coup de pouce décisif au démarrage, le temps que le système fonctionne de manière autonome. À terme, « si demain on vend l’énergie moins cher, c’est en partie grâce aux élus », se félicite Xavier Deloche.
Pour l’avenir, Frédéric Hello voit croître cette une implication des entreprises classiques dans l’ESS. « L’entreprise s’ouvre et prend en charge les enjeux de transition, remarque-t-il. Ce sont des sujets qui dépassent la philanthropie ou le mécénat. Il existe déjà des joint ventures sociales dans la logistique avec des entreprises adaptées. Il y a mille manières de collaborer ! »