Alexis Lesage : être pilote de son activité en adoptant un modèle qui marche

L’entreprise développe dans toute la France un service de location et lavage de fûts de bière en inox. Alexis Lesage a entrepris son implantation en région lyonnaise.

Projet  accompagné dans le cadre de notre programme implantation en 2022.

Cocomiette, La Voie Maltée, l’Affoleuse… En sept ans en France, environ 2000 brasseries artisanales se sont créées. Leur quantité a quintuplé ! Beaucoup d’entre elles, de petite taille, n’ont pas les moyens d’investir dans des fûts en inox et dans une station de lavage pour distribuer ses bières à la pression aux bars et sur les événements. Souvent à regret, elles ont donc recours à des fûts en plastique à usage unique, difficilement recyclables.

C’est de ce constat, établi par deux bénévoles d’une association de bouteilles consignées, Mathieu et Hugo, qu’est née Soofût à Nantes en 2019. Avec l’aide financière de l’Ademe, ils créent un service de location et lavage de fûts en inox.

En quelques mois seulement, au fil des opportunités et des rencontres, l’entreprise commence à essaimer à Paris, puis à Marseille. «Selon une étude de l’Ademe, le lavage et la location sont écologiquement rentables par rapport au plastique à condition qu’ils ne génèrent pas de déplacements de plus de 300 kilomètres» , explique Alexis Lesage.

Alexis Lesage, fondateur de Soofût Lyon, déplore le fait que les plus petites brasseries artisanales doivent utiliser des fûts en plastique à usage unique.

L’entreprise fait circuler un parc de 8 200 fûts dont certains sont reconditionnés. Elle prévoit de passer à 9 500 fûts l’an prochain.

Forts de ce principe, en 2021, après le succès du lancement marseillais, les dirigeants constatent la demande grandissante issue d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ils cherchent donc à créer un Soofût à Lyon.

A cette époque, Alexis Lesage, commercial à Saint-Etienne, rentre d’un voyage à vélo. Après un échange avec les fondateurs et une brève étude de marché, il décide de se lancer : «J’avais envie d’entreprendre depuis longtemps, mais je n’étais pas assez confiant pour partir d’une feuille blanche. Ici, je reproduis quelque chose qui existe ailleurs et qui marche, tout en étant le pilote de l’activité.»

Ainsi, comme pour les autres implantations, il crée sous la marque Soofût une société distincte dont Mathieu et Hugo détiennent la majorité des parts. Alexis conclut avec eux un pacte d’associés qui lui permettra rapidement de devenir majoritaire à son tour.

Dans ce réseau émergent, chacun dirige sa société, tandis que les fondateurs apportent le savoir-faire, l’architecture financière, un logiciel adapté… «On fait beaucoup de choses ensemble : on achète des fûts ensemble, on utilise le système informatique ensemble, on a une communication commune…», souligne Alexis.

Chacun apporte aussi sa compétence et ses affinités et ses expérimentations au groupe : «Mathieu crée le suivi financier, moi l’analyse du cycle de vie. Gorka le Marseillais valorise sa compétence de logisticien en expérimentant des échanges à vélo…», explique Alexis.

Les fûts sont lavés automatiquement par une machine qui fait passer successivement une solution de soude, de l’acide peracétique, plusieurs eaux de rinçage, de la vapeur à 120°C, puis du gaz carbonique pour rendre le fût inerte.

Mis en contact avec l’Adapei 69 avec Alexis, l’Esat Jacques-Chavent met à disposition Stéphane, l’un de ses salariés plusieurs demi-journées par semaine.

Au moment de développer la filiale lyonnaise, c’est Hugo le fondateur qui a mis Alexis sur la piste de Ronalpia. «Je connaissais peu Lyon, peu les gens, peu l’environnement. J’avais donc besoin d’un réseau, mais aussi de conseil juridique. Via la Métropole de Lyon, j’ai trouvé un local à prix bas, et obtenu un financement. Je suis aussi entré en contact avec l’Adapei 69».

Ainsi, Alexis a pu faire travailler des personnes handicapées, mais aussi des personnes en insertion professionnelle, pour renforcer la dimension sociale de son projet.

Grâce à l’appui de la Fondation pour l’innovation sociale de la Métropole de Lyon, l’entreprise a pu acquérir un chariot élévateur qu’elle mutualise avec Rebooteille, autre entreprise sociale de la communauté Ronalpia avec qui elle partage les locaux des Ateliers Briand, à Saint-Priest, près de Lyon.