Avec son association Toi-même Tu Parles, Valentine de Muizon bénéficie de l’accompagnement du programme Act’ice qui lui permet de mieux se structurer et de bien comprendre le monde de la justice pénale.
À 26 ans, rien ne prédisposait Valentine de Muizon à aller s’intéresser au monde carcéral. « Je viens de Versailles, j’ai fait sciences-po, j’ai eu un parcours élitiste », confie-t-elle sans détour. « Mais j’avais la volonté d’être utile là où je pouvais l’être. » Au début de sa carrière, ses premières expériences dans le développement international ne sont pas une réussite. En revanche, elle se passionne pour l’éloquence, le théâtre et l’impro. « Beaucoup de choses me faisaient peur, mais pas le fait de prendre la parole ! J’adore écouter les gens s’exprimer. »
Libre expression
C’est ainsi qu’en 2019, avec Charline Fouquet, elle crée son association pour former les publics précaires à la prise de parole. « Le fait de prendre la parole en public peut constituer un moment de stress s’il n’est pas préparé : l’entretien d’embauche, la sélection d’une école… Cela peut avoir un fort impact sur la vie ! Le seul moyen de se préparer, c’est de se payer un coach ou des cours de théâtre… Or, c’est coûteux, et ce n’est pas à la portée des personnes précaires ou isolées, pour lesquelles c’est d’autant plus nécessaire ! »
Après avoir travaillé avec différents publics, son association est retenue par l’administration pénitentiaire pour organiser un concours d’éloquence à la maison d’arrêt de Strasbourg. « C’est un moment de libre expression sur un sujet qui tient à cœur, explique Valentine. Il s’agit avant tout de passer un bon moment et de changer les regards. Mais cela peut aussi servir pour bien s’exprimer devant les services d’insertion et de probation, ou devant le Juge d’application des peines… »
Le monde des acronymes
Après ces débuts enthousiasmants, Valentine de Muizon a ressenti le besoin de « professionnaliser la structure » et de la développer au-delà de sa région. Elle a donc choisi de bénéficier du programme d’accompagnement Act’ice proposé par Ronalpia et Possible.
C’est d’abord l’accompagnement au projet qui l’a intéressée. « Au début, on part dans tous les sens : j’avais besoin d’apprendre à structurer notre modèle économique, à présenter notre offre… Il existe beaucoup de programmes d’incubation d’entreprises, mais pour une association, les problématiques sont plus spécifiques. » Cependant, l’apport de connaissances sur le milieu de la justice et la mise en réseau se sont aussi révélés utiles. « DISP SPIP… : au début, tout le monde me parlait en acronymes ! Ici, on ne me juge pas parce que je ne sais pas. »
À l’inverse, l’accompagnement étant basé en partie sur le co-développement entre pairs, Valentine a apporté au groupe ses compétences sur le pitch et la présentation. « Ce climat d’entraide a instauré une très bonne ambiance au fil des séminaires », apprécie-t-elle.