Cette année encore, le programme Act’ice accompagnera neuf projets qui favorisent la réinsertion des personnes condamnées par la justice. Parmi les objectifs : rompre l’isolement et mieux comprendre les attentes de l’administration pénitentiaire.
Le 27 janvier, le coup d’envoi a été donné pour l’accompagnement de la nouvelle promotion d’Act’ice, le programme d’accompagnement de projets justice que nous portons depuis trois ans avec l’association Possible. Issus de sept régions de France, neuf projets vont être accompagnés pendant neuf mois. Leur objectif commun : favoriser la réinsertion des personnes qui ont vécu une condamnation pénale, et prévenir la récidive. L’accompagnement joue sur plusieurs tableaux pour favoriser la réussite des initiatives.
Ne pas rester seul
L’une des vocations d’Act’ice est de favoriser la coopération, l’échange d’expériences entre projets du secteur de différentes régions. « C’est un secteur mal connu, peu visible, où il existe peu d’initiatives entrepreneuriales, confie Léa Grujon, directrice de l’association Possible. Les entrepreneurs se sentent isolés. » Pour Annabel Bacle, qui fait partie de cette nouvelle promotion, c’était l’une des raisons de rejoindre Act’ice : « Quand j’ai quitté mon CDI en juin pour me consacrer à 100 % à mon projet, j’avais une certitude : je ne voulais pas rester seule avec mon projet. » Le programme permettra aux entrepreneurs de se rencontrer et de se réunir sur des temps de travail collectif et d’échanges entre pairs, autour de thématiques liées à l’entrepreneuriat et au secteur de la justice.
Comprendre les codes
Maxime Delayer, directeur national du réseau Webforce3, évoque « un monde complexe, depuis le ministre jusqu’au surveillant. Il faut s’adresser à tous et comprendre les enjeux de chacun. » Le programme s’attachera donc aussi à faciliter l’interconnaissance et le partenariat avec l’administration pénitentiaire, au service des bénéficiaires. « Notre association étant inspirée à 100 % par d’anciens détenus, nous craignons d’être mal perçus, explique Marie-Ange Nowak, présidente de Concienta Sport et compagnie. Nous avons un réel besoin de légitimité ! »
Un partenariat riche
L’administration pénitentiaire, partenaire d’Act’ice, accueille favorablement les initiatives accompagnées par le programme : « Pour mener à bien notre mission de prévention de la récidive, nous avons besoin d’un partenariat riche, susceptible de dégager des perspectives d’insertion pour ces publics aux problématiques spécifiques », affirme Valérie Hazet, cheffe du service des métiers de l’administration pénitentiaire, et marraine de la promotion. Elle évoque à ce sujet des enjeux sanitaires, d’hébergement, de perte d’autonomie, de carences ou d’addictions. Cette année encore, chaque projet sera parrainé par un·e agent·e de l’administration pénitentiaire.
Enfin, plus classiquement, Act’ice accompagnera les projets à se structurer, à se consolider sur tous les aspects de l’entrepreneuriat : stratégie financière, ressources humaines, marketing… Lors d’un événement, ils rencontreront des financeurs. Un moment très attendu par tous.
||| La promotion 2022 en faits et chiffres |||
23 dossiers déposés, 15 entretiens de présélection, 9 projets sélectionnés
Diversité territoriale des projets : Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Sud-Ouest, Grand Ouest, Haut-de-France, Paca, Nouvelle Aquitaine.
La moitié des projets sont en phase d’émergence.
50 % des dossiers concernent les mineurs et jeunes majeurs.
Plusieurs projets sont portés par des personnes ayant été concernées par la détention.
De nouvelles fragilités sont concernées. L’Apcars s’attaque à la question des liens familiaux et des violences conjugales. Concienta s’intéresse aux détenus ayant purgé de longues peines. Optima qui met en place des ateliers de médiation sociale auprès d’un public de femmes radicalisées.
Les projets accompagnés
APCARS (Paca). Renforcer l’accompagnement des auteurs de violences conjugales par le développement d’ateliers de soutien à la parentalité.
Spécificité. Traiter les conséquences intrafamiliales de la violence conjugale sous l’angle de la parentalité.
Action. Répondre à un besoin d’accompagnement autour de la restauration des liens familiaux via des ateliers, l’accès à des lieux de rencontre et l’orientation vers des partenaires spécialisés pour assurer la continuité de la prise en charge.
Sa fiche sur le site de Possible…
JUSTICE DEUXIÈME CHANCE (Île-de-France). Réinsertion professionnelle des personnes placées sous main de justice, afin de lutter contre la récidive.
Spécificité. Un parcours d’accompagnement individualisé qui permet la levée de freins périphériques et d’accéder à un emploi et/ou une formation.
Action. Déploiement d’un parcours dedans-dehors : actions de remobilisation en milieu fermé, ateliers de préparation au monde professionnel, visites d’entreprises et mises en réseau professionnel, suivi par un·e CIP en milieu ouvert.
Sa fiche sur le site de Possible…
HERO (Île-de-France). Application mobile de coaching validée scientifiquement à destination des personnes sortant de détention pour les accompagner dans leur parcours d’insertion.
Spécificité. Duo application de coaching et accompagnement individualisé par un mentor, à destination des publics placés sous-main de justice
Action. Développement et mise à disposition d’une application de coaching visant à favoriser la connaissance et valorisation de soi, en présence de mentors pour accompagner les bénéficiaires dans le suivi du programme.
Sa fiche sur le site de Possible…
CONCIENTA SPORT ET CIE (Corrèze). Association soutenue par un collectif de citoyens, proposant un lieu d’acclimatation socioprofessionnelle pour des personnes sous main de justice ou sortant de détention.
Spécificité. L’inspirateur et animateur insertion de cette association est anciennement détenu.
Action. Position de médiation. L’équipe accompagne les anciens détenus dans leurs comportements, les amène à discuter, à mieux gérer leur colère, à s’insérer et à apprendre les codes de la vie en société et en famille, via un café restaurant, un ring de boxe, des hébergements d’urgence et un suivi individualisé.
Sa fiche sur le site de Possible…
AGIR ENSEMBLE – METHODE SMEE (Auvergne-Rhône-Alpes). Programme d’accompagnement dédié aux jeunes sous main de justice afin de libérer leur potentiel et de l’exploiter dans le cadre de projets constructifs pour eux.
Spécificité. L’accent est mis sur le développement des capacités psychosociales et l’intelligence émotionnelle.
Action. Déploiement d’un programme d’accompagnement de 10 séances, dédié aux jeunes placés sous-main de justice et visant à les remobiliser et à favoriser leur insertion en société.
Sa fiche sur le site de Possible…
TERRITOIRE ACTIF (Occitanie). Favoriser l’insertion socioprofessionnelle d’agents en semi-liberté en ayant comme modèle une insertion par l’activité économique.
Spécificité. L’Atelier Chantier d’Insertion de Territoire Actif travaille l’insertion socioprofessionnelle de personnes encore incarcérées, dans la société de droit commun.
Action. Favoriser l’insertion des personnes placées sous-main de justice en couplant une activité professionnelle (agent d’entretien des berges du canal du Midi) à un accompagnement socioprofessionnel collectif et individuel.
Sa fiche sur le site de Possible…
WALLBREAKER (Hauts-de-France). Association conventionnée atelier chantier d’insertion qui forme et emploie des détenus à la réparation de petits électroménagers.
Spécificité. Activité implantée directement en détention.
Action. Favoriser la transition dedans-dehors des personnes incarcérées via la formation professionnelle en détention et l’emploi en insertion, sur le secteur du petit électroménager.
Sa fiche sur le site de Possible…
L’HÉLICE (Auvergne-Rhône-Alpes). Structure d’insertion sociale et professionnelle, destinée prioritairement aux personnes sous main de justice.
Spécificité. Parcours spécifique pour des jeunes éloignés de l’emploi.
Action. Favoriser l’insertion des jeunes placés sous-main de justice via un atelier chantier d’insertion et un programme de formation professionnelle, sur le secteur du bâtiment.
Sa fiche sur le site de Possible…
OPTIMA (Bretagne). Médiation en milieu carcéral et autour de la prison.
Spécificité. Répondre au besoin d’apaisement des relations interpersonnelles entre détenus, ou entre les détenus et le personnel pénitentiaire, voire entre détenus et intervenants extérieurs.
Action. Ateliers de sensibilisation à la gestion des émotions en milieu carcéral ; atelier de médiation au quartier de prise en charge de la radicalisation de la prison pour femmes de Rennes. Actions de prévention auprès des publics jeunes.