Anne a créé Au Tambour !, le premier lieu non-mixte dédié au répit et au bien-être des femmes en situation de précarité à Lyon.
Ce n’est pas chose courante, pour un homme d’être admis en ce lieu. «Tu es le premier de l’année», me dit-on dans un sourire en entrant.
Ce mercredi, nous sommes en dehors des horaires d’accueil d’Au Tambour !, le premier lieu non-mixte dédié au répit et au bien-être des femmes victimes de précarités, d’isolement et de violences à Lyon.
Ici, tout est pensé pour que les femmes mettent entre parenthèses les grosses difficultés qu’elles traversent : café, biscuits, douches, produits d’hygiène, soins avec une ostéopathe, écoute, ateliers collectifs…
«Quand on accueille un public en grande fragilité, nous devons leur permettre de recharger les batteries.
Les femmes accueillies ici ont les meilleurs produits, les meilleurs gâteaux, la meilleure équipe… On fait de notre mieux !»
Avant de créer ce lieu, Anne Kahlhoven a mené une enquête approfondie afin de comprendre le besoin.
« Je suis allée dans les bains-douches et les accueils de jour. En voyant les lieux, leur organisation, j’ai constaté que tous espaces étaient en mixité, mais pas paritaires. Ils sont fréquentés à 90% par des hommes.
Les femmes en extrême précarité ne veulent pas fréquenter ces endroits pour ne pas ajouter l’insécurité à la vulnérabilité ! »
«Aujourd’hui, les femmes SDF sont invisibilisées.
J’ai dû déconstruire l’image que j’en avais. Elles sont comme la plupart des gens : elles peuvent être propres, avoir un CDI, des diplômes, se maquiller… »
«Dans un premier temps, ce qui ressortait des entretiens menés lors de l’état des lieux, c’était le besoin d’une laverie sociale et solidaire. Mais ça ne me faisait pas briller les yeux. Je me bridais pour répondre au besoin dont me faisaient part des structures en place qui voyaient d’un mauvais œil mon intuition d’un lieu non-mixte. »
En 2019, Anne fait la rencontre de Ronalpia et durant son accompagnement, finit par oser défendre ce projet qui lui tient à cœur.
Aujourd’hui, elle a un conseil à donner à des entrepreneuses et entrepreneurs sociaux : « Écoute ton intuition, à condition de la corroborer avec des études sociologiques… Connais ton sujet sur le bout des doigts, sois curieux, lis tout ce qui existe… »