Femmes et entrepreneuses : au-delà des préjugés

Minoritaires dans l’entrepreneuriat, les femmes, dans leur majorité, abordent des sujets différents des hommes. Au quotidien, elles doivent encore lutter contre les préjugés et démontrer qu’elles sont légitimes.

Nour Allouache, Alice Courouble, Caroline Bertrand.

Le 12 novembre 2024, lors de notre événement Impacte ton territoire, nous avons choisi d’aborder la question de l’entrepreneuriat au féminin au cours d’une table ronde réunissant quatre femmes.

Un entrepreneuriat différent ?

D’une manière générale, les femmes sont minoritaires dans l’entrepreneuriat. Sophie Marchand gère le programme Femmes Entrepreneuses, un dispositif proposé par Orange pour soutenir les initiatives entrepreneuriales des femmes en Auvergne-Rhône-Alpes et dans d’autres régions. « Nous accompagnons des projets à dimension numérique et à impact. Il n’y a que quand je vais chez Ronalpia que je rencontre autant de femmes. Dans la tech, on croise plutôt des hommes. »

Les femmes n’entreprendraient donc pas dans les mêmes secteurs, ni de la même manière que les hommes ? Nour Allouache a créé Oral’titudes qui propose entre autres des ateliers d’éloquence. « J’ai croisé des femmes qui vendaient des bijoux, des bougies, des soins, des gâteaux… L’entrepreneuriat des femmes est un entrepreneuriat invisible, bien organisé, qui participe vraiment au dynamisme. Par exemple, Lucile Foliot met en valeur l’intergénérationnel, le vivre-ensemble : c’est un entrepreneuriat qui crée des passerelles. »

Nour Allouache

Se sentir légitime

« La majorité sont quadra-quinqua, relève Sophie Marchand. A cela, plusieurs explications : elles attendent d’avoir une certaine expérience pour se sentir légitimes – peut-être aussi la sortie de la maternité. »

Alice Courouble est éleveuse. Pour elle, le fait d’intégrer cette profession nécessite d’aller à l’encontre des idées reçues. « L’élevage est un milieu très masculin. Je dois spécifier que je suis associée avec un homme qui n’est pas de ma famille, et dont je ne suis pas l’épouse. Il a été félicité pour la naissance de mes enfants ! »

« J’ai commencé à 30 ans une formation agricole avec des hommes de 18-20 ans. On devait prouver systématiquement qu’on était compétentes. Les gens considèrent que dans une ferme, une femme fait la comptabilité ou la transformation laitière. On me dit parfois que les bovins sont dangereux pour moi. »

Mais il n’y a pas que le milieu agricole qui ait des préjugés vis-à-vis des femmes. Pour Sophie Marchand, « le milieu financier est très masculin. Face à un duo mixte d’entrepreneurs, on se tourne vers l’homme pour ce qui concerne les finances, la femme pour la comm. »

En conséquence, selon elle, « il y a une injustice dans l’accès au financement, c’est prouvé par des études. Dans la tech, 8% des startups sont créées uniquement par des femmes, mais elles ne représentent que 2% des financements. »

Sophie Marchand.

Demander de l’aide

Heureusement, les femmes savent dépasser les difficultés, et surtout reconnaître le moment où elles ont besoin d’un coup de pouce. « Il existe beaucoup de réseaux de femmes, constate Sophie Marchand. Elles osent facilement demander de l’aide. Personne n’a toutes les compétences, tout le monde a besoin d’aide. Elles le disent plus. » Alice Courouble confirme : « C’est plus facile pour moi de demander de l’aide : tout le village se mobilise ! »

« S’il y a une approche féminine, elle réside dans une simplicité dans les relations entre les femmes : moins d’ego, moins de politique… », confirme Caroline Bertrand de Lusie 01. « On doit créer propre notre système, abonde Nour Allouache : il ne s’agit pas pour nous de rêver de fumer des cigares et avoir un yacht. »