Accompagnée par Ronalpia et Possible dans le cadre du programme Act’ice, l’école de développeurs à vocation sociale Webforce3 a pu mieux comprendre les complexités du monde carcéral.
Voici sept ans, l’école WebForce3 est née d’un double constat : d’une part, de plus en plus de personnes sont en fragilité et déconnectées de l’emploi ; d’autre part, le numérique est devenu une compétence essentielle pour trouver du travail. Depuis, elle forme 1 800 personnes par an dans une cinquantaine d’écoles.
Passerelle
Séduit par ce succès, le Ministère de la Justice a approché Webforce3 pour l’encourager à développer des formations numériques favorisant l’insertion des personnes détenues. L’entreprise sociale a donc proposé une formation « passerelle » de développeur web, démarrant à l’intérieur de la prison pour se poursuivre à l’extérieur. « Il s’agit d’abord de remobilisation, explique Maxime Delayer, directeur de WebForce3. Au lieu de rester dans sa cellule à ne rien faire, on apprend à respecter des horaires, à tenir des objectifs… On acquiert les bases du métier d’intégrateur web qui seront utiles même si le détenu ne poursuit pas dans cette branche. »
Démystifier le monde carcéral
Pour cette première année d’expérimentation, le résultat a été plutôt satisfaisant. « J’ai été surpris par l’implication de nos stagiaires : ils ont bossé et ont tous réussi ! Il faut démystifier ce monde. Certes, beaucoup s’étaient engagés dans la formation pour obtenir un aménagement de peine, mais cela leur a apporté une ouverture d’esprit et leur a permis de reprendre un rythme de travail ! »
Malgré sa grande expérience de la formation pour les publics fragiles, Maxime Delayer a dû composer avec les contraintes du milieu carcéral. « C’est un monde complexe, depuis le ministre jusqu’au surveillant qui peut décider de ne pas laisser sortir un détenu de sa cellule. Il faut s’adresser à tous et comprendre enjeux de chacun. » Cet aspect du programme Act’ice a été pour Maxime Delayer l’un des principaux bénéfices.
Des portes ouvertes
« Cela nous a aussi permis de coopérer avec d’autres acteurs qui complètent notre proposition, par exemple sur la question du logement. Avec l’écosystème, on travaille chacun sur son champ d’expertise. »
Cette première expérience concluante a débouché sur un partenariat de quatre années avec le Conseil Régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elle ouvre aussi des portes pour répondre à de nouveaux besoins : former des formateurs en prison, lutter contre l’illectronisme ; intervenir pour la protection judiciaire de la jeunesse, pour les porteurs d’un bracelet électronique…